Le Conseil d'Or

"Ils étaient mes frères. Mon peuple." Chaque mot qu'il prononce sonne comme un coup porté sur une enclume.

Angaram prend une grande inspiration.

"Je n'ai pu les sauver et c'est une chose que je regretterai pour toujours."

Il serre le poing, faisant crisser le métal de son gantelet.

"Leur mémoire, me garde de faiblir. Elle me pousse à combattre le mal tant qu'il existera. Je n'ai pu les sauver, mais j'honorerai leur mémoire en tant que dernier elfe de la Maison des Ballades."

Une fois de plus Solandas s'adresse à lui en elfique. Un elfique ancien, peut-être plus raffiné que celui parlé par Angaram. Le champion n'est pourtant pas jeune. L'archiérarque est donc soit très vieux, soit il parle un elfique plus brut qu'Angaram. Ce dernier n'ayant saisi que le sens principal de la phrase, c'est tout à fait possible.

Le Champion de la Ruine serait tenté de répondre à son tour dans la langue des elfes. Mais ce serait faire une entorse au vœu qu'il a prononcé au début de cette audience. Etre honnête. Hors parler une langue que seule une personne comprendra ici, ce n'est pas faire preuve d'honnêteté.

Il répondra donc dans la langue commune impériale.

"La forêt n'a jamais vu en vous un intrus, archiérarque. Je me souviens de notre première.." Son ton monte légèrement à la fin du dernier mot prononcé, comme s'il s'agissait d'une question. Mais il reprend aussitôt. Il ne laissera pas une simple interrogation happer sa chance d'en savoir plus sur le passé de son peuple. "..rencontre comme si c'était hier."

"Que représentait la Maison des Ballades pour l'Ordre, avant sa chute ?"

Tous les regards se tournent vers Solandas après la question du Champion. Curieux pour la plupart, d'autres sont énigmatiques, celui d'Olvir notamment. Le roi montre une véritable expression d'intérêt, signe qu'il ne connaît pas la réponse non plus. À vrai dire, si l'on se fie aux visages des personnes présentes, seuls Olvir et Solandas semblent capables de répondre à la question d'Angaram.

Ce dernier considère son vis-à-vis pendant quelques instants, se frottant le menton d'une main lente. Ses yeux clignent une première fois, une seconde, quelque chose a brièvement changé sur son visage, sans qu'il soit vraiment possible de définir quoi.

"Une expérience. La Maison des Ballades était une expérience de l'Ordre, et un refuge."

Sa voix est calme, à mi-chemin entre la prophétie sépulcrale de quelques instants auparavant et sa voix naturelle.

"Un cours d'histoire semble nécessaire, pour répondre pleinement à ta question, jeune Angaram."

"Durant l'histoire de l'Empire, les elfes ont souvent vu d'un très mauvais œil une telle puissance entre les deux forêts. Le Culte d'Enguerrand n'a rien fait pour arranger les choses, à vrai dire, car nombreux sont ceux d'entre eux qui l'associent à celui de l'un de leurs dieux : Lothranil, et accusent l'Empire d'avoir perverti son essence."

"Pour cette raison, la majorité des clans elfes ont toujours été hostiles à l'Empire, et de nombreuses guerres ont eu lieu. Des ententes ont été possibles, mais temporairement uniquement, et avec des elfes d'il y a fort longtemps. Ils représentaient une race presque éteinte aujourd'hui, qui ne sont ni des Lothranims, ni des Nehrims

"Suite à un terrible cataclysme, il a fallu à ces elfes un refuge, une demeure loin de leurs pairs et de Lothranil, de crainte qu'ils ne soient entièrement anéantis. Ne pouvant se tourner vers leurs frères, ils se sont tournés vers la seule personne qui pouvait encore les aider."

Il laisse traîner sa phrase, laissant à Angaram le temps de tirer ses propres conclusions et à toutes les personnes présentes d'apprécier cette leçon d'histoire. Miras semble particulièrement affecté par le sujet des elfes, les vagues d'énergie se font plus vives, parfois violentes, mais étrangement, plus froides aussi..

"La Maison des Ballades a été le refuge de ces Elfes qui se sont dévoués à Enguerrand corps et âme. Un phare dans l'obscurité des temps qu'elle traversait, et un exemple pour l'Empire et les Lothranims, de coopération, d'entraide, de cohabitation."

"Elle était destinée à apporter la paix entre les royaumes et entre les dieux, à être le berceau d'une renaissance."

"Et comme sa maison-sœur, elle a échoué."

Le visage de Solandas ne bouge pas, son corps, immobile, tourné vers Angaram, ressemble présentement à celui d'une statue, presque comme si elle eut été l'un des gardes de la porte du Conseil. Ses yeux fixent au travers de lui, au travers du monde, à vrai dire, comme s'il ne voyait plus personne, comme s'il n'était plus rien qu'une enveloppe vide. Son esprit est ailleurs, très certainement.

La magie, dans la salle, n'existe plus, elle est éteinte, étouffée, inaccessible, comme une flamme recouverte d'une lourde chape de ténèbres.

Comme des yeux que l'on aurait recouverts d'un bandeau de cuir.

Comme une noyade, privés d'air et de lumière, privés de tout, privés de vie. Aveugles dans le sanctuaire de la Lumière, dépourvus de leur sixième sens qui les rend si uniques.
Comme si la magie n'avait jamais existé.



[HRP]

Pour les mages intéressés, jet de Se. M pour essayer de "comprendre" les flux de magie d'Aren.
Pour tous les mages : Se. M + INT/ 2 pour résister à la peur.

Le membre 'Shangxiang' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'D100' : 37, 47

Inconscient des évènements qui se produisent dans salle au niveau magique, Angaram acquiesce lentement.

"Je comprends. Désormais."

"Durant un demi siècle j'ai pensé que le malheur s'était abattu sur nous pour nous punir de notre arrogance, de la façon dont nous courbions le destin pour notre propre amusement..."

"Mais ce n'est donc pas cela qui est arrivé. J'ai pensé être maudit d'avoir survécu alors que tous avaient péri. Cependant c'était Sa volonté." Il baisse la tête quelques instants, ses yeux regardent dans le vide, plongé dans une intense réflexion. Et soudain il la redresse.

"Je comprends aussi votre fatalisme, archiérarque. Mais la Maison des Ballades n'aura pas échoué tant que nous vivrons. Tant qu'il y a aura encore un elfe qui respire dans cette Maison… sa mission se poursuivra."

[hrp]
Dans l'ordre, jets des mages pour comprendre les flux. Puis jets pour résister à la peur.

- Lucie 75
- Jelkior 60
- Adamus 60
- Remme 60
- Andion 60
- Melchius 60
- Manar Fortin 50

Le membre 'Angaram' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'D100' : 62

[hrp]
My bad, les jets complémentaires.

Le membre 'Angaram' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'D100' : 75, 99, 16, 28, 83, 88, 49, 16, 37, 59, 51, 91, 34

En se concentrant sur les flux magiques libérés par le Roi et leur variation, Alyanar, Lucie, Adamus, Andion et Melchios peuvent sentir, au fond de ces vagues, une profonde tristesse les envahir, une tristesse mêlée de colère, une tempête d'émotions enfouies, contenues, mais bel et bien présentes, qui animent cette magie plus qu'elles ne l'imprègnent. Les émotions du Roi se déversent dans la salle sous la forme de cette magie qui s'épand et se rétracte, tantôt glaçant les os, tantôt brûlant les joues. Un visage se dessine peu à peu dans l'esprit des mages concernés, un visage féminin, très ressemblant à celui de Miras, en réalité. La même couronne est posée sur sa tête, et un air bienveillant semble l'animer. Ses yeux bleus comme l'océan fixent ceux des mages au travers de leur esprit, sa forme tourmentée par les vagues de magie qui la génèrent. Puis le visage se transforme, ensanglanté, détraqué par la douleur et la peine. Les vagues de magie deviennent rouge sang, son visage est remplacé par celui de centaines d'elfes, enragés, puis terrorisés. Les mages ne voient que leurs visages se déformer par la peur et la douleur avant de disparaître, balayés par les flux de magie qui les constituent.
Un nouveau visage les remplace bientôt, informe, lumineux, dégageant une sensation très étrange. Si certains d'entre eux étaient mages impériaux durant le conflit opposant Orlana à Sunsea, ils peuvent reconnaître cette sensation, leur envoyant un terrible frisson dans le dos. Un sentiment oublié, comme une affliction si longtemps sectionnée qui refaisait surface.

Puis c'est le vide, le vide absolu, l'absence de cette magie au travers de laquelle ils voyaient une histoire se passer. L'aveuglement total, l'oubli-même du concept de lumière, ou plus exactement, de magie. La majorité des mages présents parviennent à résister à la panique, puisant dans leurs ressources intérieures, leur foi ou leur lucidité pour se maintenir à flot, arrivant à relativiser la perte de leur sens un un endroit si sacré. Rien ne peut leur arriver dans cette salle, peuvent-ils se dire.
Ce n'est n le cas de Lucie, ni celui d'Adamus. Peut-être étaient-ils si profondément plongés dans l'histoire du Roi que cette coupure les a pris au dépourvu, peut-être est-ce la crainte intrinsèque de perdre leur magie, peut-être encore est-ce simplement la terreur liée à cette puissante vibration de vide...toujours est-il que les deux sont soudain pris d'une terreur indicible. Une envie irrépressible de hurler, de pleurer, de trembler, de sortir de la salle peut-être ? La terreur les submerge pendant quelques instants, aussi longtemps que Solandas a le regard dans le vide, quelques secondes en réalité, une éternité pour ces deux mages qui n'ont plus qu'une idée en tête.

La magie n'existe pas.
Leur magie n'existe pas.

Le regard de Solandas reste perdu durant l'explication d'Angaram, l'entend-il simplement ? Il fixe droit au travers du Champion de la Ruine, son visage changeant imperceptiblement, mais dramatiquement, au fil des mots de l'elfe. Il l'entend donc bien, mais il est ailleurs.

Son regard se concentre de nouveau sur l'elfe, un air triste est peint dessus, au même instant, la magie revient aux mages, comme une possession, ou comme si un bandeau leur avait été retiré des yeux.

Si Angaram tourne son regard vers Miras et Éléanore, il pourra voir cette dernière plus pâle qu'un fantôme, les mains crispées sur son fauteuil, tremblante, tandis que le roi posera une main réconfortante sur son épaule. Elle semble aussi tétanisée que si elle venait de rencontrer Son alter ego.

Solandas hoche doucement la tête, un masque triste figé sur son visage. Il attend quelques temps avant de répondre, dans la langue commune, d'une voix lourde, pesante.

"Puisse cette conviction te permettre de vaincre le fléau que tu t'apprêtes à conquérir, Angaram des Ballades. Puisses-tu prendre la bonne décision lorsque le moment viendra."

"Puisse le refuge que j'ai construit voir son dernier enfant mener le monde vers la salvation."

Il marque une pause, ses yeux clignent, son masque impérieux remplace son visage, il observe chaque membre de l'assemblée puis déclare, solennellement :

"Membres du Conseil, Angaram des Ballades, Hélène de l'Aurore, Roi Aren,, en ma qualité de Haut Archiérarque, je déclare la conclusion de cette séance. En Son nom et en Notre place, je souhaite à Angaram, Champion de la Ruine, que Sa lumière le préserve et le guide dans sa croisade à venir. Hélène de l'Aurore, que Sa force vous imprègne et vous guide dans cette mission qui est la vôtre."

Comme pour conclure les paroles de l'Elfe du Soleil, les grandes portes, derrière la troupe d'Angaram, s'ouvrent avec un bruit cérémonial, invitant les personnes à la quitter. Le vestibule, à l'extérieur, est vide, et la plupart des membres du Conseil, moins Solandas, ont déjà quitté leur siège après une courte prière adressée à Enguerrand pour souhaiter la réussite d'Angaram.