[Contrat] Un service pour l'Arnslan

La traversée d'Aphon se sera révélée, comme il le prévoyait, sans conflit ni heurt d'aucune sorte. Bien sur, l'humain avait besoin de repos, de nourriture et de boisson de temps en temps, mais les auberges fournissaient. Les élémentaires eux, pouvaient demeurer non loin, infiniment patients, qu'il leur revienne.
Pour leur dernière halte, R'Lysha accordera à Ellos de quoi se charger en provision. Un plein sac et une couverture serait bienvenue. Pour la chaleur, il pourra toujours côtoyer X'And, mais il est toujours bon d'avoir une protection supplémentaire.

Une fois dans les terres brisées, l'Arcalith envoie ses éclaireurs en reconnaissance. "Séparez vous. Etudiez la carte. Je veux que vous me dénichiez tout ce qui peut constituer un point de passage. Des villages, des demeures isolées, des cabanes même si vous en voyez. Si vous trouvez des vestiges de camp, tant mieux, mais je n'y compterais pas. On va progresser vers l'Ouest à partir d'ici." Il pointe sur sa carte un endroit quelques dizaines de kilomètres au sud de Sahr Nix.
Il les laisse ensuite partir en repérage.

Conformément à son plan, lui et son armée continue leur progression. S'ils croisent des habitations, ils y feront halte pour interroger les habitants sur Sieghart. Si l'endroit est désert, R'Lysha cherchera des traces de passage récent.

R'Lysha décide de visiter plusieurs de ces endroits à la fois. Il propose donc que C'Eraun, les éclaireurs et une dizaine d'élémentaires de pierre se rendent auprès du groupe de chasseurs. "Et s'ils ne sont pas hostiles, ne le soyons pas non plus. Tout ce que je veux, c'est l'emplacement de Sieghart.

Pendant ce temps, je conduis le gros de nos forces vers le village fortifié. S'ils sont hostiles, et ils en ont l'air, il faudra au moins ça. Je vais prendre le titan, les archers et la moitié de nos élémentaires de pierre.

X'And, tu te rendras avec B'Obby à la maison isolée, prends deux gardiens et le reste des élémentaires avec toi.

On se rejoint tous au village fortifié ensuite, les éclaireurs passeront prendre les rapports de tout le monde pour me les rapporter vu qu'ils sont plus rapides. Personne se repose avant d'atteindre son objectif. Ellos, on te portera la nuit."

Ses ordres donnés, les groupes se séparent.


[Vers les chasseurs : C'Eraun + 2 éclaireurs élites valeur 10 chacun + 10 élémentaires de pierre valeur 10 chacun
Vers le village fortifié : R'Lysha + Ellos + 200 golems archers + 1 titan légendaire + 18 élémentaires de pierre + 3 gardiens
Vers la cabane : X'And + B'Obby + 17 élémentaires de pierre + 3 "invoqués" + 2 gardiens]

C'Eraun décide d'envoyer l'un des éclaireurs auprès des nordiques, pour les inviter à une rencontre entre chefs, pour discuter. Les élémentaires ne veulent que des informations, rien de plus. Il représentera évidemment R'Lysha durant le dialogue.

X'And et B'Obby feront halte une fois la cabane en vue. Le voyage se sera révélé fort pénible pour le premier, le second ne cessant de jacasser à propos des conditions difficiles de la région pour les plantes. Ensuite s'en était suivi une liste des spécimens floraux qu'ils étaient susceptibles de rencontrer, avec des descriptions très détaillées. Et puis une certaine candeur quand il mentionnait parfois "un paysage vierge où de vie, ou presque" qu'il pourrait "repeindre de milles couleurs flamboyantes" et qu'en fait, il pourrait finir par se plaire par ici.

Aucun sens.

Toujours est-il qu'arrivés sur place, la troupe s'avance jusqu'à quelques dizaines de mètres. Là, X'And peut lâcher un peu de sa frustration en vociférant un appel à discuter à l'habitant de la maison.
Ce qui attira immanquablement un commentaire de son compagnon floromancien : "Woah la pollution sonore. En voila une autre de condition difficile à vivre pour la flore.
S'il vous plait monsieur ou madame ! On veut discuter ! On cherche des nordiques !" "Un nordique." Corrigea à mi-voix le guerrier de feu. "Un nordique." Reprit en choeur l'innocent B'Obby.

C'Eraun verra son éclaireur revenir avec de bonnes nouvelles après quelques longues minutes. Les nordiques ont accepté la rencontre, et invitent le chef des élémentaires, seul, à s'avancer dans un espace à peu près dégagé dans la toundra. Un seul nordique représentera les chasseurs. Ces derniers semblaient tendus, pourra affirmer l'éclaireur, et lui-même a bien failli être percé de plusieurs lances alors qu'il s'approchait en paix. Ils ne semblent pas "barbares", toutefois, il est clair qu'il s'agit d'un peuple de guerrier.
L'éclaireur pourra préciser à C'Eraun qu'ils sont accompagnés de loups apprivoisés, encore qu'ils ne le semblent pas plus que leurs maîtres, au premier abord.

Si C'Eraun s'avance vers l'endroit indiqué, il y verra un chasseur nordique en vêtements de fourrures et de cuir, assez épais pour le protéger du froid mais suffisamment bien découpés pour lui permettre une certaine aisance de mouvement. Ce dernier porte une hache et un couteau à la ceinture et trois javelots dans sa main gauche. Sa main droite est vide, pour l'instant.

Il salue l'élémentaire d'un signe de la tête. Ses traits sont durs et sa mâchoire est contractée, il attend que ce dernier prenne la parole en premier.

L'appel de X'And se répercute dans le paysage gelé, pas de réponse immédiate. Le ton plus...agréable, de B'Obby ne semble originellement pas avoir plus de répercussions, puis, de façon assez brutale, la porte s'ouvre en grand, montrant la figure d'une femme emmitouflée dans des peaux et fourrures d'animaux différents et pas toujours identifiables. Ses yeux sont marqués de traits de peinture rouges, ses cheveux, noirs et sales, portent des plumes de corbeaux en tant que broches. Ses lèvres peintes en noir sont ouvertes sur une série de dents sales dans une expression d'ébahissement à peine exagéré. Elle fixe les élémentaires avec cette même expression pendant quelques secondes avant de s'exclamer d'une voix forte un tantinet trop aiguë.

"Je vous attendais ! J'ai vu votre arrivée dans les entrailles des bêtes !"

Une pause, un geste de recul exagéré, un autre geste, du bras cette fois, circulaire et tout aussi grandiloquent.

"Entrez-donc ! Étrangers, surtout vous deux !" Elle désigne X'And et B'Obby. "Le froid ne me sied pas !"

Trop tard pour lui répondre, elle a déjà disparu à l'intérieur de chez elle, la porte toujours aussi grande ouverte.

C'Eraun rejoindra bien évidemment le point de rendez-vous avec le chef des chasseurs. Ne possédant pas d'armes physiques, il garde simplement les bras le long de son corps, alors qu'il observe son vis à vis. Il répond au signe de tête d'un autre et, après une légère seconde de silence, suffisante pour le laisser comprendre qu'il doit parler, il commence :

"Salutations. Je suis C'Eraun, émissaire de l'archimage R'Lysha. Nous cherchons actuellement un nordique du nom de Sieghart, afin qu'il s'explique avec mon seigneur sur la dévastation qu'il a apporté à ses terres. Nous avons appris sa défaite contre l'Arnslan et pensons qu'il se cache dans la région.
Si vous avez des indications à nous donner, cela serait tout à fait apprécié. Nous savons déjà où se trouvent les villages des Hajsvaerd." Le visage de C'Eraun rappelle un peu la un crâne, avec les orbites, la bouche et les orifices nasaux comme des trous dans la chape nuageuse qui compose la moitié supérieure de son corps. Des petits éclairs serpentent et illuminent régulièrement son corps, descendant vers la moitié inférieure de son corps qui n'est composé que d'un vortex foudroyant frappant le sol.
Sa voix est telle le tonnerre, craquante, bruyante.


X'And et B'Obby, de leur coté, échangent un regard après l'invitation de la présumée sorcière nordique. Ils s'avancent vers la porte restée ouverte, leurs gardes sur les talons, qu'ils n'abandonnent d'ailleurs qu'au pied de la porte. Les colosses de pierre observent fixement le seuil, dans l'attente d'une instruction.
A l'intérieur, le duo observe. B'Obby referme délicatement la porte en adressant un signe de la main à leurs stoïques compagnons.
C'est X'And le premier qui prend la parole, en observant la femelle, aussi rempli de méfiance que possible. "Dans le cas où vous n'auriez pas "vu" pourquoi on venait, on cherche un type, Sieghart. Notre archimage est...désireux d'avoir un tête à tête avec. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur sa position ?"

B'Obby de son coté continue d'observer le reste de la cabane et laisse un peu traîner ses sens. Sensible à la magie, il en cherche d'ailleurs qu'il pourrait ensuite identifier.

[SE.M 50]

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'D100' : 79

C'Eraun, amusé de voir l'effet qu'il produit sur le nordique, sourit un peu. "Non, je ne pense pas que R'Lysha demandera pourquoi Sieghart a pillé son fort. Comme vous le faites remarquer, c'est assez évident. Il doit avoir d'autres questions à lui soumettre.

Ce ne serait pas de gaieté de cœur que nous passerions dans vos villages, mais le fait est que le frère de Sieghart est dans le plus fortifié, et qu'il nous faudra traverser les autres pour parvenir à lui. R'Lysha a eût la sagesse sans fin de ne garder cette option que pour la fin.
Je suis nouveau dans ce monde, mais je pense que j'aurais apprécié voir notre géant de métal en action. Cinquante mètres d'acier et de destruction marchante. Vous imaginez ça ?" Il rit, ce qui donne un son assez...bizarre. On n'entendrait jamais le tonnerre craquer aussi souvent durant un orage. Il finit par se reprendre après quelques secondes.
"On n'est pas avec l'Arnslan non plus. Leur chef oblige R'Lysha a accomplir sa basse besogne en échange des survivants de l'attaque de Sieghart.

Le fou.

Enfin, c'est à vous de voir, vous nous aidez, ou on passe notre chemin."


X'And, après avoir examiné l'intérieur de la demeure, décide de se tenir, pour le moment. Ca a l'air très inflammable là-dedans.
A présent, il attend devant la vieille, l'observe mouliner des bras, écoute ses élucubrations. Le premier mot qui lui vient pour la décrire est "folledingue". Néanmoins, leur mission étant de récupérer un maximum d'infos sur Sieghart, s'il devait traverser la case "ouvrir son cœur", il le ferait. Il en déduisit d'ailleurs que ce devait être une expression, vu que ce n'était pas vraiment possible, ni pour lui, ni pour les mortels. Il ouvrit la bouche pour répondre à la sorcière, mais fut devancer par son incorrigible compagnon. Qui parla si ouvertement, si franchement et avec tellement de coeur que c'en était à vomir.

"Nos intentions sont claires madame la voyante. Nous obéissons à R'Lysha, et il veut qu'on retrouve Sieghart. Nous, on obéit, parce que R'Lysha est puissant et il nous
a appelé sur ce monde. Bien sûr, on comprend pas toujours ses raisons, parce qu'il est comme nous mais il l'a pas toujours été.
Mais je peux supposer, sans vouloir me vanter je suis le plus sensible de nous trois, X'And, C'Eraun et moi. L'archimage est sans doute attaché à quelque chose, pas le fort en lui même puisqu'il ne souhaite pas le récupérer. Les habitants peut-être plus. Ca oui, il veut les récupérer. Il aime pas ce qu'Arn a commencé sur eux. Il aime pas Arn. Il le trouve trop intriguant, trop...bizarre, avec ses expériences.
Il en veut aussi à Sieghart, mais il peut comprendre, il a vécu dans cette partie du monde, il sait que c'est hostile comme endroit.

Arn profite. R'Lysha aime pas."

C'Eraun écarte les bras, sans se départir de son sourire glauque et plus ou moins surnaturel. "Eh bien mon ami je crois que vous êtes face à une situation. D'un coté, vous nous aidez en faisant le pari qu'on ne fasse pas le jeu de l'Aigle. De l'autre vous refusez de nous aider et on finit par faire le jeu de l'Aigle.

Le fait est qu'on ne sait, en effet, pas ce qu'il se passe dans le Nord. R'Lysha ignorait même que sa forteresse avait été victime d'un raid. Les manigances politiques des clans nordiques ne s'étendent jamais assez au Sud pour concerner les autres.

Ce que je peux vous proposer, c'est que vous et votre bande nous raccompagniez auprès de R'Lysha. Comme ça vous pourrez vous entretenir avec lui, essayer de le convaincre de rallier votre camp ou j'en sais rien.
Tant qu'il récupère les prisonniers elfes noirs d'Arn, je pense pas qu'il sera trop difficile.
Et comme ça vous pourrez le voir de vos propres yeux, notre géant.

Le choix est vôtre." Il abaisse les bras et attend la réponse de son interlocuteur.
Celui ci n'avait pas vraiment de choix en réalité. R'Lysha était, d'après ce que l'élémentaire avait compris, la seule chance du clan Hajsvaerd.



X'And observe la vieille, silencieux.
Un ramassis d'inepties selon lui. Et il aimait pas les sorciers. Ni les gens qui parlent en énigmes.
C'est compliqué à comprendre.
X'And est un être simple.

B'Obby lui est plutôt pendu aux lèvres de la voyante, buvant ses paroles comme s'il s'était agit de la rosée du matin. Il la presse de continuer, d'en dire plus :

"R'Lysha est bon oui ! C'est quelqu'un de juste, pas du tout un traître, non !
Il ne veut pas la guerre ni être manipulé. D'autres chemins que celui qu'Arn lui a offert il voudrait, je suis sûr.
Dites nous, quel pouvoir Sieghart et Arn se disputent ? Comment trouver le premier ?"

Le chasseur semble considérer l'offre pendant quelques instants, sa main se porte naturellement à sa courte barbe qu'il triture avec l'intention de supprimer une partie de la tension qui pèse sur lui. Ses yeux se perdent un instant dans le vague au travers de C'Eraun dont les volutes semblent l'hypnotiser quelques instants. La crainte des responsabilités, peut-être, ou le simple fait de sortir de sa zone de confort en discutant avec une tempête vivante munie d'une bouche et lui proposant présentement de s'entretenir avec un être dont il ignore tout.

Mais l'élémentaire a raison sur une chose, il n'a pas vraiment le choix.

"C'est d'accord, on vous suit. Puisque ton chef veut voir le nôtre, ça semble logique qu'on le rencontre d'abord, même si ce serait pas à moi de faire ça d'habitude."

Une pause, un soupir, comme s'il expirait une partie de la tension accumulée dans sa poitrine, la laissant rejoindre celle de l'air ambiant.

"Je vais les appeler, bouge pas."

Il lève sa main droite -- toujours départie de toute arme -- à sa bouche et pousse un sifflement strident qui parvient à se faire entendre malgré les tumultes de l'élémentaire. Quelques instants passent, durant lesquels le regard du nordique reste immobile, puis une poignée d'hommes, une dizaine, à vrai dire, sort de cachettes voisines, derrière des arbres, sous des tas de neiges...
Ils se ressemblent, comme des humains, mais aussi dans leur accoutrement et armement. Tous se rangent près de leur chef, avec un regard mal à l'aise vers l'élémentaire.

"On vous suit, alors."



La völva laisse son regard sauter de l'impassible et ennuyé X'And à l'expressif et passionné B'Obby avec une fascination débordante. Les questions de l'élémentaire feuillu semblent résonner en elle, la rider comme une goutte d'eau tombant dans un lac millénaire, tandis que ses yeux s'étrécissent et que sa bouche s'ouvre en grand pendant quelques instants, avant de se refermer comme un piège à souris secoué par sa proie.

"Manipulé. Il ne le veut pas, et pourtant il l'est, oui ! Tous, nous sommes les objets, les caprices, les jouets du destin, du temps, oui ! Nul n'y échappe, et pourtant tous, nous courons, sur son fil, à sa surface. Certains s'y noient, d'autres s'y perdent, mais personne ne fuis le destin, le temps, non !"

"Sieghart et Arn, la lumière et l'ombre, se disputent le Nord ! Quand l'Aigle est arrivé, il a soumis le Nord, l'a conquis, l'a fait ployer le genou comme ses ancêtres avant lui ! Sieghart est resté droit, fier, il n'a pas déposé le Nord, il l'a porté sur ses épaules, dans son cœur. Il est devenu son cœur ! Arn veut le Nord, Sieghart est le Nord."

La völva se lève d'un bond, comme prise d'un spasme qui envoie sa chaise glisser derrière elle, épargnant miraculeusement le mobilier qu'elle manque de percuter. Sa bouche se tord comme celle d'une possédée, tandis que ses yeux rougissent imperceptiblement aux commissures des paupières. Elle fixe au travers des deux élémentaires pendant un instant, comme frappée de stupeur par ce qu'elle y voit.

S'ils se retournent, ils n'y verront rien. Le chat de la vieille femme, pourtant, feule et s'enfuit du salon, sautant presque agilement par dessus un tas de babioles posées sur une table basse.

"Le Nord est fracturé. Ses failles crient, hurlent, saignent les réponses que l'archimage attend. Leurs plaies résonnent, elles chantent à l'unisson, oui !"

"La fracture !"

Sa voix perd en intensité et s'éteint presque, ne devenant plus qu'un marmonnement à peine perceptible. "La fracture", pourront l'entendre répéter les élémentaires, comme une conjuration.
Comme un appel.

[Jet de Se. M possible pour B'Obby, Int avec malus de 20 pour X'And]

C'Eraun, satisfait de la tournure de la rencontre, observe les barbares en conservant le silence pendant quelques secondes, son éternel sourire au visage. Finalement, il se fend d'un simple : "Excellent."

Théâtralement, il se déporte d'à peu près un pas sur le coté, étendant son bras en direction du Sud-Est. "L'archimage se dirigeait vers un village fortifié dans cette direction il y a une demi-journée de ça. On va le rattraper." Il commande à l'un de ses éclaireurs volants de rejoindre leur maître au plus vite pour lui apporter la nouvelle de leur retour avec des invités, et demander à R'Lysha de faire halte d'ici à ce qu'ils arrivent.
L'éclaireur, ses ordres reçus, décolle dans le ciel et se dirige vers la direction pointée par son supérieur, afin d'exécuter ses ordres. Le reste de la troupe se met en marche, à une allure plus modérée car les élémentaires de pierre ne sont pas les plus véloces d'entre eux. Ils encadrent les nordiques, cinq devant eux, cinq derrière eux. C'Eraun et l'éclaireur restant sont en tête du groupe, avec le chef barbare si celui ci le souhaite.

De son coté, B'Obby boit toujours les paroles de la vieille sorcière, ses feuilles agitées par sa nervosité. S'il ne prête pas vraiment attention aux inepties sur le temps et le destin, il fait en revanche très attention à la partie concernant Arn et Sieghart, et il hoche frénétiquement la tête.
Lorsque la vieille se lève d'un bond, il sursaute et se fige, alors qu'elle termine sa tirade et s'affale. Il jette un coup d'oeil là où elle regardait, par réflexe, puis observe un certain silence.
X'And, les bras croisés, ne pipe mot et se contente de regards assassins, désapprobateurs et méprisants. Envers la vieille et son chat. Néanmoins, intérieurement, il a la sensation qu'elle a dit des choses importantes.

Leur entrevue terminée, puisque la vieille ne semble plus capable de rien, il propose à B'Obby de rentrer auprès de l'archimage pour lui répéter tout ça. "Je ne suis pas sur que ce soit très utile tout ce charabia mais il y verra peut-être un sens qui m'échappe." Déjà, il est à la porte et s'apprête à la franchir. Son comparse est bien moins prompte à réagir et en fait, il fait même le tour de la cahutte pour observer le capharnaüm de la sorcière. Sans y toucher.

R'Lysha, au retour de son éclaireur, stoppera sa marche vers le village fortifié, afin de les attendre. Ses forces se disposent en cercle, avec lui, son apprenti et le titan au centre. Ce dernier fait face au Nord-Ouest, par où devrait revenir le groupe.

[X'And int sous 18
B'Obby SEM sous 55][/color]

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'D100' : 27, 33

En temps et en heure, toutes les forces de l'Archimage furent réunies et les informations que chacun possédait, partagées. Au terme des échanges, R'Lysha intima aux chasseurs de le mener à Sieghart. Comme il l'indiqua, il n'avait pas confiance en l'Arn. Sa personnalité et ses pratiques douteuses hérisseraient les poils de l'Arcalith, s'il en avait. Il ne commenta pas vraiment ce qu'il avait put voir de ses serviteurs. Selon lui, selon ses estimations, la transformation du serviteur était le produit d'ingénierie biomantique et de conditionnement, quelque chose d'innovant vraiment, bien que dégradante pour les sujets. Il n'avait pas de vrai terme à mettre sur l'acte, et le mot n'aurait pas eût de valeur.

Le chef des chasseurs accepta de les emmener jusqu'à un endroit : le "tombeau de la magie", où il affirma que Sieghart se trouvait, à la recherche d'un artefact. En chemin, il expliqua à R'Lysha ce qu'était l'Arnslan et vanta la résistance de son clan, mené par Sieghart. L'un des derniers clans de véritables fils du Nord à n'avoir succombé au joug de l'Aigle. Et l'Arcalith garda le silence, peu concerné par l'avenir des hommes du Nord. Par intermittence, son regard dérivait vers le ciel. Il pouvait entrapercevoir ce que beaucoup ne pouvait pas : des flux de magie aux couleurs changeantes, de magie primordiale en fait, déchaînée. De l'énergie brut au potentiel infini. De quoi laisser songeur.

Au terme de leur périple, ils parvinrent à une dépression dans le sol, peu profonde. Un trou, vraiment, en pente douce. Le chasseur annonça qu'ils étaient arrivés, et que les portes du tombeau se trouvaient juste là, enfouies sous une couche plus ou moins épaisse de neige. X'And s'avança, creusant un sillon de vapeur sifflante, jusqu'à se trouver au fond et face à un mur de roche et de neige fondant rapidement. Une minute plus tard, les portes étaient révélées et dégagées. L'Arcalith choisit d'entrer seul, en dépit des protestations de ses compagnons.

L'élémentaire de feu poussa les portes ouvertes pour lui, révélant des profondeurs noires. L'archimage s'avança, et pénétra dans l'obscurité. Ses compagnons purent le voir s'éloigner à l'intérieur, et sa lumière décliner avec la distance, comme étouffé par un brouillard.
Dedans, R'Lysha flotta un moment, errant dans une direction, l'avant. Il ne distinguait rien, et cela demeura ainsi plusieurs minutes. Et finalement, un éclat de lumière, dure, celle du soleil du Nord un jour dégagé. Ce qui le frappa en premier fut la sensation du froid, vif, sur sa peau nue. Puis, les picotements dans le nez. La chaleur de son souffle. Le brouhaha d'au moins une centaine de paires de bottes derrière lui.
Et il se rendit compte qu'il avançait, un pied après l'autre, dans la neige. Derrière lui, des soldats elfes noirs, au blason de sa Maison, si familier, si lointain dans sa mémoire.
Le ciel avait la coloration particulière due à la présence d'un portail démoniaque. Son coeur s'accéléra. Quelle sensation étrange. Dans sa poitrine, il avait hâte d'en découdre avec les envahisseurs, et un feu passionné brûlait dans ses entrailles. Dans son esprit, le souvenir de ce jour particulier refaisait surface. Son dernier jour d'elfe.
Alors il tenta d'agir, de s'arrêter, de décréter un demi-tour. De se sauver. Mais il n'en était pas capable. Il était prisonnier, simplement, de son propre corps, spectateur d'un acte de sa vie joué par lui-même.
Il cligna des yeux et expira, un temps qui lui parût long. Quand il les rouvrit, il se trouvait dans la bataille, commandant ses forces d'une voix vive, vive et hautaine, moquant ses ennemis. Ses doigts manipulaient un courant pyromantique qui coulait de ses veines jusqu'au creux de ses mains. Il était prêt à jeter son sort, décimer les rangs démoniaques. Il leva les mains pour projeter l'énergie brûlante, et réalisa qu'il ne parvenait à lâcher prise. L'énergie continuait de se déverser jusqu'à un point critique. Un pincement au coeur, la vision, éphémère et éternelle en même temps, de sa reine, de son récent trophée un esclave incube de qualité, du monde qu'il s'était construit.
Puis la douleur, cuisante et rapide, l'explosion fatale pour lui et nombre de ses hommes, la défaite et la condamnation à l'oubli.
Les ténèbres.

Un inspiration, il rouvrit les yeux. Il marchait dans la neige, à la tête de ses hommes. Un scénario qui se répétait. Marche, bataille, explosion, mort. Et encore. Après plusieurs répétitions, plusieurs tentatives à se sauver, il avait commencé à faire la paix avec ses actes, avec ses erreurs, avec son passé. Il avait analysé son décès sous tous les angles, à cette époque il n'aurait rien pût faire pour l'éviter, pas au dernier moment.
Aujourd'hui, en revanche, il était plus sage, plus puissant. Il avait vu la magie au travers d'un prisme unique, celui de la magie. Il laissa l'histoire se dérouler à nouveau. Lorsque vinrent les dernières secondes, il sourit intérieurement. A l'époque, ce flux pyromantique ne constituait qu'une ressource dispensable, un outil, une arme. Aujourd'hui, il pouvait l'appeler "sa vie". Ce n'était pas la quantité ou la manipulation qu'il devait changer. Cela ne relevait que de la plus simple pratique de la magie. C'était concevoir la magie et lui-même comme des choses différentes, dissociables.
Mais si elles ne l'étaient pas tant que ça au final ?

Il laissa son lui du passé procéder au sortilège et n'exerça sa volonté qu'à l'instant fatidique, reniant la triste réalité qui est celle de nombreux jeteurs de sorts au quotidien, celle de se consumer soi-même. Il embrassa la déflagration, ressentit les courants comme il ne les avait jamais conçu auparavant, son feu, sa vie. Le temps parût se suspendre avant que la vision ne se brise et, retrouvant l'usage de son corps, son nouveau et véritable corps, il rassembla les flammes dévastatrices en un orbe brillant qu'il tint entre ses paumes, au dessus de lui, tel un soleil miniature. La lumière perça les ténèbres du temple et dévoilèrent la salle dans laquelle il se trouvait.
Un homme se trouvait là, ainsi qu'un autel supportant une bougie à la flamme rose.

Baissant les bras, il rappela les courants pyromantiques à lui, éteignant au passage l'orbe solaire. Sa maîtrise de la magie venait de passer une nouvelle étape fondamentale dans sa quête de transcendance. Une étape qu'aucun, ou presque, mortel ne parvient à passer.

"Vous devez être Sieghart." Il sentit un soupçon d'émotion poindre au tréfond de son corps, et pendant une courte seconde, il envisagea de l'écouter. Il l'entendait lui murmurer tout ce qu'il ferait à Sieghart, en guise de rétribution pour ce qu'il a perdu. Il pencha légèrement la tête sur le coté. Il se trouve un individu dans ma forteresse qui fait entrave à mes objectifs. Je crois que vous voulez la mort de l'Arn également ? Je vous offre une alliance de circonstance. Il tendit la main vers la bougie magique et la fit léviter jusqu'à ce qu'elle repose dans sa paume. Il aura certainement l'utilité d'un tel artefact. Il l'observa un instant, et l'analysa. Sa magie était exceptionnelle et étrangère à ce continent, d'après ce qu'il pouvait comprendre, elle émettait une protection contre la magie sauvage et débridée qui parcourait le Nord. Egalement, et curieusement, il s'agissait d'une sorte de balise.
La bougie rejoignit sa collection d'objets insolites et puissants. "Vous n'y voyez pas d'inconvénient ? Elle ne vous servirait à rien. Vous n'avez besoin que d'une armée, et la mienne attend au dehors."

[b]Quelles que furent les pensées de l'humain, il était obligé d'accepter cette offre d'alliance. L'Arnslan était un cancer pour les peuples du Nord, et il traquait Sieghart. Refuser revenait à se condamner et délivrer tous les clans à l'Arn. Demeurer dans ce temple n'était pas une option non plus. Si la faim ou la soif ne le terrassait pas, ce serait l'ennuie ou le temps.

C'est ainsi que quelques jours plus tard, les armées combinées de Sieghart et R'Lysha se tenait à distance respectable de la forteresse de Cylant Nîx. A priori, ils n'auraient à affronter que Arn et sa garnison. Les troupes se mirent en marche. Les barbares en tête, l'armée magique présente en soutien.
L'archimage se tenait dans la paume de son géant de métal, culminant à une bonne vingtaine de mètres. Ainsi, il disposait d'un champ de vision plus que dégagé. Il laissait à ses seconds le soin de commander les troupes. Ceraun dirigeait les archers, X'And les troupes de corps à corps. Et B'Obby...devait s'occuper de lui, ce qui était déjà pas mal. Ellos soutiendrait les troupes de mêlée à l'aide de sa magie.

Une fois à portée de tir des arcs, les défenseurs prélevèrent un tribut certain parmi les troupes de Sieghart qui chargeaient. Les troupes élémentaires parvinrent à portée pour la seconde salve. C'Eraun et ses archers ouvrirent le feu en retour. Sur un mot murmuré par l'archimage, le titan déchaîna sa charge magique, projetant une paire de rayons qui désintégra portes, murs, mortier et barbares. La brèche effectuée, la mêlée n'allait pas tarder à démarrer.
R'Lysha observa un moment les barbares se battrent. Il appréciait de voir ceux d'Arn autant que ceux de Sieghart mourir. Finalement, il leva une main. L'un de ses doigts portait un anneau, d'apparence simple, en argent. Le bijou s'illumina d'une lueur émeraude et de petites décharges vertes coururent à sa surface, prémices annonciateur d'un déferlement magique. Il le pointa vers les défenseurs. Ce fut une véritable tempête d'éclairs à la couleur maladive qui s'abattit sur ceux de l'Arn, qui ne laissa pas moins de deux cents cadavres décharnés, alors que toute vie avait été drainé hors de leur corps pour aller dynamiser les attaquants. Les attaquants élémentaires. L'archimage avait prit soin d'exclure ceux de Sieghart parmi les bénéficiaires de son sort, qui dans sa nature, se rapprochait du vampirisme. Il ne doutait pas un instant que ses confrères impériaux auraient tiqué en voyant cela.

Amputé d'une grosse partie de ses défenseurs, les hommes de l'Arnslan faiblissaient à grande vitesse, et des désertions en nombre eurent lieu.

La victoire était assurée, aussi R'Lysha descendit de son perchoir pour rejoindre ses généraux et Sieghart. Il crût déceler dans l'attitude du barbare un mélange d'hostilité, d'une touche de peur, de beaucoup de dédain et de ressentiment. Clairement ses hommes avaient le plus souffert.

"Arn est vulnérable, allons y. Je connais les couloirs de cette forteresse, je vais nous guider." Ce qu'il n'avait pas anticipé en revanche furent les nombreux pièges et embuscades qu'Arn avait préparé, et les attaquants perdirent beaucoup trop de vies là dedans.
Enfin, ils parvinrent à dénicher l'Aigle. Il était impératif que Sieghart survive, aussi ne pût-il prendre part au combat. Que cela lui plaise ou non. R'Lysha n'hésitera pas un instant à lui enjoindre une injonction chargée de magie pour le forcer à obéir.

L'archimage décida de se proclamer champion et qu'il affronterait Arn. Il débuta en tendant la main, projetant une force kinétique destinée à clouer l'Aigle contre un mur. Sans vraiment de succès. Il réalisa que son adversaire ne portait pas moins que de la négatite sur lui pour se prémunir de la magie. La riposte de son adversaire vint, un déluge de coups frappant là où l'arcalith n'avait pas d'armure. Aucun ne toucha, chaque attaque rencontra une barrière, laquelle délivra un éclair en retour, sans vraiment d'effet.
C'est dans son environnement que R'Lysha puisa pour sa prochaine attaque, manipulant la pierre du sol pour attaquer son adversaire. En dépit des tentatives d'esquive de ce dernier, la roche se meuvait aussi fluidement que de l'eau et ne le lachait pas d'un pouce. Arn finit par commettre une erreur et fut atteint. La pierre frappa en plusieurs endroit et le déposséda de plusieurs pièces d'équipement de négatite, réduisant sa protection à peau de chagrin. Il s'extirpa de sa position et tenta un nouvel assaut.

"ARRETE." Il tenta de résister à l'injonction psychique, son corps tremblant sous l'effort. Un véritable duel de volonté s'effectuait entre les deux, et à ce jeu, l'archimage avait de grandes chances de sortir vainqueur. Il en rajouta même une couche.
"A genoux. Lache ton arme." Il s'exécuta, malgré ses tentatives pour se débattre.

R'Lysha se pencha sur son adversaire, approchant ses mains de son crâne, jusqu'à le tenir entre ses paumes. Il n'échangea pas une parole, alors que la peau du visage de l'Aigle se craquelait, se fissurait, exsudant une lumière bleue intense. Ses yeux disparurent derrière l'aveuglante lumière bleue, et Arn continua de se consumer sous le rayonnement arcanique jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, ni corps, ni âme.

L'archimage se redressa et récupéra les biens de son adversaire, avant de déclarer que la forteresse était sienne à nouveau, et que les prisonniers devaient être libérés. Aussi traumatisés soient-ils tous, ils connaitraient bientôt la paix et la tranquillité. Leur calvaire était terminé, et ils étaient libres de commencer à oublier. R'Lysha s'en assurera.

Sieghart et ses hommes furent reconduits dehors, et l'Arcalith lui déclara, sans ambiguïté :

"Souviens toi homme du Nord. A l'heure de ton trépas, nul paradis ou lieu damné ne t'attend. C'est moi qui viendrait te cueillir et t'emmener dans ta vie prochaine, et tu viendras. De gré ou de force."
Il n'attendit pas d'éventuelle réponse. Il n'en attendait aucune.

La forteresse, il ne la recolonisa pas vraiment. Il en fit plutôt un laboratoire pour ses expériences, et la première fut la conception d'un rituel d'absorption de la magie. Maintenant qu'il ne pouvait plus être consumé par ses propres pouvoirs, il devait trouver un moyen de les augmenter considérablement.
Il savait où trouver l'énergie qu'il désirait. Le potentiel brut des courants magiques du Nord combinée à l'énergie pseudo-divine présente dans la bougie suffirait probablement à faire de lui pas moins qu'un demi-dieu.