[Campagne] Des murmures dans le noir

Le monde d'Haïtana compte bon nombre de curiosités, d'étrangetés et de mystères. Des choses incomprises mais tout de même manipulées, à l'aveugle par les mortels. Il arrive de temps à autre que des expériences dérapent, provoquent des catastrophes à l'ampleur variable. D'autres fois, les curiosités semblent changer de comportement et mettent alors à bas les notions que l'on croyait avoir à leur sujet. De toutes ces étrangetés, il en est trois encore plus inconstantes que les autres. La Vie, la Mort et la Magie.
Toutefois, il est une chose que l'on tient pour acquise. Ces trois là sont indissociables, toujours liés les unes aux autres.

Notre histoire commence en dehors d'une auberge de la cité de Beaurocher. Un fermier, ou un éleveur, un pouilleux quelconque des environs, demande de l'aide à tous les gens portant une arme qu'il aperçoit.

"S'il vous plait ser, venez nous en aide. Ayez pitié ! Ser ..." Parfaitement ignoré par les bonnes gens, ceux qui se donnent une relative importance au sein de la cité, il persiste néanmoins, triturant un couvre-chef de paille entre ses mains. Il apparaît bien nerveux, agité. Bruyant également. Il ne faudra pas bien longtemps avant qu'il n'attire l'attention de la garde et soit renvoyé d'où il vient.
Parmi le flot de prières qu'il débite, une oreille attentive pourra saisir qu'il recherche une bonne âme pour chercher son fils, et les autres disparus du village. Les douze autres. Peut-être n'attire-t-il pas grand monde car, en sus de son apparence de gueux, il omet de parler de récompenses. Pourtant, l'appât du gain est le moteur des mercenaires et aventuriers de tout poils.

Un homme encapuchonné se détache de la foule passante et s'approche du gueux sur le côté.

"Dis m'en plus Camarade, en quoi puis-je t'aider ?" Laissant une courte pause pour que l'homme puisse se tourner vers lui, il enchaine: "Y a-t-il une récompense si l'on retrouve ces personnes ?"
Il lève les deux mains en signe d'apaisement avant que son interlocuteur ne s'emballe. Il connait bien les paysans. Ils sont tout inquiets lorsque les leurs disparaissent mais semblent bien moins s'en préoccuper s'il leur faut débourser le moindre sous.
"Je ne parle pas nécessairement d'or, bien entendu. Seulement d'un possible moyen de rémunération en échange d'un service. Moyen dont nous pourrons discuter après les joyeuses retrouvailles avec votre fils... et les autres."

"Vous êtes bien bon ser !" L'homme des champs est à ça de s'agenouiller afin de baiser les pieds de leur potentiel sauveur. "On peut vous payer ! Je suis sur que les autres s'ront d'accord pour faire une petite cagnotte pour vos services. On pourra vous organiser un dîner de remerciement aussi. Et...Si y'était arrivé malheur aux disparus, les dieux nous en préservent, y a les biens de toute une famille...Les premiers à avoir été touché. C'était il y a deux, peut-être trois semaines..." Il ne paraît pas avoir saisi l'allusion de Vako.

"...D'abord leur ptit garçon, on a passé deux jours à le chercher dans les bois des environs, on pensait qu'y s'était perdu. Et pis ensuite le fils aîné de la famille. Un bon gars, il travaillait dur pour gagner ce qu'il pouvait dans les champs, il voulait v'nir par ici pour apprendre à forger auprès d'un maître artisan...Dur de croire que lui aussi s'était perdu dans les bois. On a commencé à suspecter que'que chose, leur famille était maudite peut-être, ou ben une créature rôdait dans les environs. Ptet ben une sorcière, elles sont toujours vilaines...Il fait une pause dans son récit et désigne l'auberge non loin d'eux. "Je vous offre un ptit coup en vous racontant la suite ?"

La voix plaintive et les geigneries du gueux n'échappent pas à un elfe de passage, se faufilant entre les quidams pour progresser dans la rue à la recherche d'une auberge où sustenter sa soif. Quoiqu'habitué aux longues marches, le climat de Beaurocher a quelque chose de différent et de désagréable, pour un elfe.
Aussi se retrouve arrêté l'elfe aux vêtements sombres, décidé à entrer dans la conversation.
"Dites, vous avez pas l'air bien, je voudrais pas m'incruster mais, si une créature ou une sorcière vous joue des tours, vous êtes sûrs que vous auriez pas besoin de l'aide d'un militaire ?"
L'elfe noir se tourne vers l'un, puis vers l'autre, sans vraiment savoir auquel des deux s'adresser. L'un a l'air d'un pouilleux, l'autre a l'air...d'un homme lambda, en fait.
"À part si vous voulez vraiment pas de mon aide hein". Dit-il en regardant tour à tour le gueux et l'encapuchonné. "Mais si je peux aider, j'aime pas rester les bras croisés face à la misère."
Et j'aime bien me faire payer un coup à boire, aussi, mais c'est secondaire.

Discrètement adossée au mur d'une maison, Zilya écoutait ce qui se disait entre les 3 personnes regroupées toutes proches. Sans participer pour autant à la conversation, elle notait cependant les détails de ce qui se disais dans sa tête cachée sous une capuche légère.
Elle se prépara à bouger lorsque le petit groupe fit mine de se déplacer, espérant ne pas manquer trop d'informations.

"C'est pas de refus !" D'un geste de la main, Vako enjoint le paysan à passer en tête en direction de l'auberge. Bien qu'il semble n'avoir que peu prêté attention à l'elfe noir arrivé en cours de discussion, ses yeux sont fixés de toute part sur lui.
Les premières observations sont répercutées bien loin de la cité de Beaurocher:

Mâle elfe noir.
Origine inconnue.
Apparence: Lambda.
Caractéristiques: Militaire. Neutre.
Menace: en cours d'évaluation.

Envoie d'un détachement pour enquêter dans la vallée.

Il se tourne vers l'elfe noir et tend une main amicale. "Marcellus, aventurier. Alors on va travailler ensemble sur cette affaire ?"
Sous ses vêtements on peut distinguer une épaisseur laissant penser qu'il porte une armure de légère.

Le paysan ne voit pas d'objection à ce que Xyphos les rejoigne, bien au contraire.

Il mène la voie dans l'auberge, indiquant une table libre aux mercenaires qu'il va peut-être réussir à engager. De son coté, il passe commande auprès du patron d'une chope pour tous. De trois chopes donc. Une fois qu'il les a en sa possession, il rejoint le duo attablé.

"Où j'en étais moi...Ah oui, une sorcière que j'disais. Mais en fait y s'pourrait que ce soit pas ça. On entend pas de rires. Vous savez, elles rigolent bizarrement les sorcières, pis elles ont des yeux globuleux, en tout cas c'est comme ça qu'elles sont décrites. Mais j'crois pas que ce soit ça, pasqu'on a fait le tour des environs du village au début, pour les deux gamins disparus, les premiers. Bah y'avait pas de cahute de sorcière.
Que'ques jours après le second gamin, c'est la bonne femme du Gille qu'à disparu. Elle était parti ramasser les champignons et les baies dans le coin. Forcément à partir d'la, on a commencé à décréter que pu personne d'vait s'éloigner seul du village. Mais ça a pas changé grand chose. Les disparitions se sont accélérées, le Gille il a finit par plus être là non plus.
On a bien tenté d'faire part d'la situation au seigneur d'la ville mais on nous écoute pas. Des animaux qu'y disent, y vont r'garder qu'y disent. Mais y viennent pas. Alors nous, ça fait quand même un bon paquet de gens qu'on a perdu, j'suis pas doué en chiffres mais plus que mes dix doigts, c'est beaucoup.

Surtout qu'on commence à entendre des trucs pas nets nous la nuit, ça pépie, ça chuchote, ça gratte aux portes et aux volets. Ma conclusion, c'est qu'c'est sorcellerie, mais sans la sorcière. Il s'empare de sa boisson et, en hochant la tête d'un air sûr de lui, il prend quelques gorgées.

L'elfe sert la main dudit Marcellus avec entrain. Ses yeux le jaugent des pieds à la tête pendant un instant, par habitude plus que par intérêt, tandis que son geste ample révèle une panoplie d'équipement variée : lame, couteaux, carquois, targe...et une armure intermédiaire sous tout ça.

"Xyphos, écuyer, on dirait bien, un plaisir de faire équipe avec toi, en tout cas !"

Il s'attable ensuite, lançant quelques regards désintéressés autour de lui en attendant la choppe qui arrive. La première gorgée est avalée alors que le commanditaire éventuel débute son explication.

"Sorcellerie sans sorcière ? Vous êtes sûrs que c'est pas juste des enlèvements ou des raids de pillards ? Vous avez pas des créatures nocturnes ou des bandes de voleurs qui sévissent dans la région ?"

L'elfe fait tourner un peu sa choppe en regardant Marcellus et le gueux tour à tour. Cette histoire de sorcières l'intrigue, mais lui paraît moins probable que des pillards ou voleurs qui veulent simplement capturer des gens pour les revendre en tant qu'esclaves.

Le passif culturel, sans doute. Se dit-il avant de reprendre une pleine lampée, curieux d'entendre les réactions des attablés.

"Très bien, on va aller y jeter un œil."

Buvant deux grandes gorgées de bière il enchaine.
"Si c'est effectivement de la sorcellerie comme tu le penses Camarade, on devrait rapidement être fixé.

Où se trouve le village ? Je pense qu'on devrait commencer par là pour notre enquête..." Il regarde Xyphos, cherchant un signe d'approbation.

A l'attention de Xyphos, le paysan haussa vaguement les épaules.

"Bah, c't'à dire qu'si j'étais sur de ce que c'était, j'vous d'manderais pas d'investigationner là d'ssus. Après c'est sur, ça peut être des choses comme ça, mais ça y ressemblerait un peu plus. J'veux dire, un pillard, il pille non ? On nous a rien pris d'autre, on a même pas eût de demandes de rançon. Aussi, on est sans défenses. Et les créatures nocturnes, j'm'y connais pas trop, j'préfère laisser les bestioles aux "bestioliers". Nous, vaches, poulets et cochons, c'est déjà pas mal. Il pris le temps d'une bonne lampée avant d'indiquer du doigt au Vako la direction, celui-ci pouvait le supposer, du village en question. "C'pas ben loin. Si on part vite, on peut l'atteindre au coucher du soleil. Ca fait que'ques heures. En gros.

Vako se redresse sitôt après l'elfe noir. Il vide sa chope sans traîner et la repose brusquement sur la table. "Je suis d'accord. Hâtons-nous !

Et si jamais d'autres enlèvements devaient avoir lieu cette nuit, autant que nous soyons sur place pour les empêcher."

Sans perdre plus de temps, il se dirige vers la sortie de l'auberge.

Kappa 2 avec moi. Les autres restez discrets.

Delta et Omicron suivez de loin.

Le paysan accueille Commodus d'un salut de la main, pas plus perturbé que ça. Il devait sans doute se dire qu'ils travaillaient ensembles en tant que mercenaires. Il se gratte la tête et répond pour Xyphos :

"C'est assez inhabituel, c'est sur. Les aut' années on a pas eût ça. Il est pas arrivé tout de suite après les premières disparitions, si c'est vot' question. J'veux dire, on a parfois un peu de brume le matin, il fait pas toujours chaud, pareil pour le soir. Mais c'est d'puis une semaine qu'y'en a tous les matins, tous les soirs...Alors bon, nous not' saison de Mûrissement, on aimerait en profiter, mais l'temps il est pas décidé. Mais z'allez voir, on l'sent venir le brouillard. Et j'le décrirais comme...épais. Froid aussi. Pas franchement humide. Pas sombre ni odorant nan. Après c'que j'en sais. Mon pif il a affaire à des odeurs pas joyasses dans mon quotidien, alors une de plus ou de moins, j'remarque ptet pas."

Le paysan hoche la tête vers Xyphos, quand celui ci pose ses questions.

"Oui, une absence de bruit, c'est bien ça. Des animaux sauvages, pas tellement, de temps en temps on a ben des renards ou un chat sauvage, les loups c'est plus rare, généralement ils descendent de la montagne, ça arrive une fois de temps à autre. Y'a ben des sangliers dans les p'tits bois du coin, et des cerfs, mais c'plutôt nous qui prédatons, enfin les chasseurs des aut' villages ou d'la ville." Il hausse les épaules. "Vraiment not'group' de fermes il est ben paisible normalement.
Pour c'qui est des traces et tout, rien du tout. Mais oui, l'Gilles il a abandonné sa fourche sur l'pas d'sa maison. Il était vraiment pas bien d'avoir perdu ses proches, j'pense qu'il a ouvert la porte la nuit, quand il a entendu les grattements et les chuchotements et pis y'a pu d'Gilles. C'est comme que j'vous ai dit, y s'est fait prendre. C'est aussi pour ça qu'on ouv' pas la nuit. Mais c'est dev'nu difficile de dormir. Les bruits ne s'arrêtent qu'au levé du soleil."